L’an dernier, à l’invitation du Electoral Matters Committee (Parlement de l’État de Victoria, Australie), Thierry Giasson (Université Laval), Eric Montigny (Université Laval) et moi avions produit un témoignage écrit dans le cadre de l’enquête parlementaire sur les impacts des médias socionumériques sur les élections et l’administration du processus électoral. Notre mémoire est disponible ici dans son intégralité.
Le rapport final du comité a été rendu public cette semaine. Nous sommes heureux de constater que plusieurs passages citent nos propos. De plus, les membres du comité reprennent nos arguments en faveur d’une meilleure compréhension des campagnes numériques afin de mieux pouvoir les encadrer efficacement.

En prenant en exemples les cas du Québec et du Canada, l’objectif de notre témoignage était de montrer comment l’utilisation des médias socionumériques à des fins partisanes et électorales pouvait représenter un risque pour l’intégrité du processus électoral et démocratique. Nous avons concentré notre analyse principalement sur l’utilisation des données à des fins de micro-ciblage électoral en ligne.
Les données que nous avons mobilisées proviennent de trois de nos recherches dont les résultats ont ou sont en voie d’être publiés. Il s’agit d’une recherche sur l’organisation des campagnes numériques des partis québécois lors des élections de 2012 publiée dans le Canadian Journal of Political Science, d’un article portant sur la mise à l’agenda médiatique et politique des enjeux soulevés par l’utilisation des données personnelles sur les électeurs par les partis québécois dans la foulée du scandale Cambridge Analytica (publié dans Internet Policy Review) et d’un chapitre à paraître portant sur les publicités en ligne des tiers enregistrés lors des élections fédérales canadiennes de 2019 et la pertinence de la Bibliothèque publicitaire de Facebook comme mesure pour assurer l’intégrité des élections (la version préliminaire est disponible sur Social Science Research Network).
Selon nous, les risques démocratiques associés à l’utilisation du numérique peuvent s’accroître rapidement, notamment en contexte pandémique où les partis et leurs candidats doivent se tourner vers les technologies pour mener leurs campagnes. La tendance à la personnalisation et à l’individualisation de la communication politique complexifient l’environnement dans lequel circule l’information. Cela milite en faveur d’une meilleure compréhension des stratégies et des techniques de communication politique, non seulement en période électorale mais aussi en contexte de gouvernance. Alors que les partis opèrent dans une optique de campagne permanente, il demeure nécessaire de monitorer constamment leurs pratiques et leurs actions de manière à maintenir les autorités électorales à jour.
Pour que ces dernières puissent être proactives, et non pas seulement réactives en matière de protection de l’intégrité du processus électoral, ces organisations doivent pouvoir bénéficier de plus de ressources et de plus de pouvoirs.
Sur le même thème:
- Technologies numériques, données massives et politique, Semaine numériQc, 2021.
- On the edge of glory (…or catastrophe): regulation, transparency and party democracy in data-driven campaigning in Québec (avec Eric Montigny et Thierry Giasson), Internet Policy Review, 2019.
- Is Social Media Transforming Canadian Electioneering? Hybridity and Online Partisan Strategies in the 2012 Quebec Election (avec Thierry Giasson et Gildas Le Bars), Canadian Journal of Political Science, 2019.
[…] Dépôt du rapport final – Inquiry into the Impacts of Social Media on Elections and Electoral Adm…, Electoral Matters Committee (Parlement de Victoria, Australie), septembre 2021 […]
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